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Débit des abreuvoirs pour porcs Des niveaux d’abreuvement supérieurs aux besoins

Une étude de l’Ifip-Institut de l’élevage a permis de quantifier les besoins en eau des porcs, en phase de post-sevrage et d’engraissement. La surconsommation d'eau et le gaspillage atteindrait 20 %, ce qui n'est pas sans influence sur la quantité de lisier à stocker. La part d'eau gaspillée est en partie liée au réglage du débit des abreuvoirs.

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En phase d'engraissement, le doublement du débit des abreuvoir a accru l'abreuvement de 16 % et le gaspillage de 60 %. (© Terre-net Média)

Dans la littérature, il est recommandé d’apporter l’équivalent de 10 % du poids vif du porcelet sevré ou du porc en croissance en eau. Cette recommandation n’est pourtant pas liée à des résultats d’étude car dans les faits, la consommation d’eau par le porc n’est pas véritablement connue. « Peu de travaux quantifient la part réellement ingérée », soulignait en février 2011 Patrick Massabie (Ifip-Institut du porc).

Pourtant, la consommation en eau n’est pas sans influencer d’autres paramètres technico-économiques, à commencer par la production de lisier : « des travaux menés en 2008 ont montré que la surconsommation d’eau entraîne une augmentation moyenne de la production de lisier de 28 % ce qui génère un surcoût à l’épandage », détaillait le spécialiste de l’Ifip. En outre, un mauvais ajustement des quantités d’eau apportée pourrait également pénaliser la protection des animaux dans le cas notamment d’une médication via l’eau de boisson.

Des débits de 1 à 2 l/min

Dans le but de préciser les quantités d’eau nécessaire à la couverture des besoins des porcs, en post-sevrage ou en engraissement, l’Ifip a donc mené une série d’essais. « Notre objectif était de quantifier l’incidence du débit à l’abreuvoir sur l’eau utilisée par le porc du sevrage à l’abattage » précisait Patrick Massabie. Un premier essai a donc été mené en post-sevrage, sur deux bandes d’animaux disposant de deux types d’abreuvoir : le premier présentait un débit de 1 l/min contre 2 l/min pour le second.

« Nous avons placé un bac récupérateur sous chaque abreuvoir de manière à totaliser la consommation d’eau globale par case. » Le même type d’essai a été reconduit avec ces deux débits en phase d’engraissement. Pour chacune de ces expérimentations, de nombreuses mesures zootechniques ont été enregistrées : indice de consommation, gain moyen quotidien, quantité d’eau consommée, température ambiante relevée toutes les 15 min…

20 % d’eau gaspillée en moyenne

L’analyse des résultats indique que « le doublement du débit à l’abreuvoir accroit la consommation globale d’eau » ainsi que le gaspillage. « Ce gaspillage représente 20 % de cette quantité et doit être pris en compte lors de traitements par l’eau de boisson » résumait Patrick Massabie, mais aussi lors de la gestion des lisiers d’où un « surcoût à l’épandage » en particulier lorsque le débit est mal ajusté.
« Sur la base de nos résultats et des références Gte 2009, l’augmentation de la consommation d’eau pour la phase sevrage-abattage serait de 5,3 m3 par truie présente. »

Par ailleurs, les consommations d’eau pour les truies et l’incidence des débits à l’abreuvoir sur le gaspillage seraient des éléments à préciser pour en quantifier l’incidence sur les volumes d’effluents supplémentaires à épandre.

En engraissement, le gaspillage augmente avec un doublement du débit

Lors de la phase d’engraissement, les expérimentateurs ont mené ces essais dans des conditions de températures anormalement élevées, « avec une température moyenne supérieure à 30°C pendant 15 jours ». Sur cette période particulière, l’analyse des résultats montre une augmentation à la fois du gaspillage et de l’eau ingérée lorsque le débit à l’abreuvoir est de 2 l/min. « Contrairement à la phase de post-sevrage, et en accord avec les travaux menés en 2005, la part d’eau gaspillée est influencée par le débit. Dans nos conditions expérimentales, le doublement du débit a accru, en moyenne, l’abreuvement de 16 % et le gaspillage de 60 %. »

Enfin, l’analyse des résultats indique que les performances zootechniques ne sont pas influencées par la variation du débit de l’abreuvoir : « ceci conforte l’hypothèse selon laquelle les niveaux d’abreuvement généralement constatés sont supérieurs aux besoins physiologiques de l’animal » concluait Patrick Massabie.

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

 

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